Interview : « La crise n’a fait que souligner toute la valeur ajoutée du CCAS »
A la crise sanitaire s’ajoute une hausse des situations de vulnérabilités, les CCAS étant bien souvent en première ligne pour répondre aux besoins urgents des familles. Luc Carvounas, Président de l’Unccas, répond aux questions de Défendre les familles.
La crise sanitaire a dégradé les conditions de vie de nombreuses familles et personnes vulnérables. Quelles conséquences a-t-on pu observer dans les CCAS ?
Les premières conséquences, immédiates et visibles, ont été l’augmentation des demandes d’aides d’urgence, alimentaires ou financières, pour faire face aux dépenses du quotidien : se nourrir, se chauffer… Avec de nouveaux publics – intérimaires, étudiants, saisonniers – qui pour certains avaient jusque-là un emploi même précaire ou qui parvenaient à se débrouiller, et que la crise à fait basculer.
Mais la question se pose aussi des conséquences à long terme, une fois le retour à la « normale », où les questions d’exiguïté des logements, de fragilité numérique, d’isolement, de décrochage scolaire des enfants voire de dégradation de la santé mentale auront juste été exacerbées par la crise sans avoir été résolues. Dit autrement, une fois passés les dispositifs d’urgence, les élus locaux et leur CCAS resteront confrontés à cette précarité du quotidien.
Quel impact de la crise sanitaire sur l’activité des CCAS ? Quelles difficultés ont-ils dû affronter ?
Les CCAS ont répondu présents, en appelant régulièrement les personnes âgées ou handicapées de leur commune, en maintenant leurs services d’aide à domicile, en réorganisant leurs EHPAD, en assurant des rendez-vous pour préserver l’accès aux droits, parfois en s’appuyant sur le renfort d’autres services de la ville. Bref, dans l’urgence, ils se sont adaptés, ce qui a bien sûr généré des difficultés concrètes liées à l’organisation du télétravail, à l’absence de masques, aux échanges compliqués avec certains services déconcentrés… Il a fallu aussi renforcer le travail de coordination avec les partenaires tels que les associations, les bailleurs, les fournisseurs d’énergie, etc. L’expérience prouve que les territoires où cette coordination a été la plus efficace sont ceux-là même où elle se cultive toute l’année.
Que nous enseigne cette période de crise sur le rôle et l’utilité de l’action des CCAS ? Quelles perspectives pour l’avenir ?
La crise n’a fait que souligner davantage toute la valeur ajoutée du CCAS : réactivité, connaissance des publics en difficulté, accès aux droits, ancrage territorial. Ils ont été là lorsqu’il s’est agi de maintenir le lien avec les plus isolés ou d’organiser les déplacements des plus de 75 ans vers les centres de vaccination portés par les villes. Preuve s’il en était besoin que le mot mais aussi les valeurs propres au service public ont un sens. Sans forcément qu’elles soient de même ampleur, nous serons probablement confrontés à l’avenir à de nouvelles crises sanitaires, sociales, économiques ou écologiques… En un mot, les collectivités ont été, sont et seront aux premières loges. A charge pour l’Etat de ne pas l’oublier.
Quelle est l’utilité des bénévoles représentant les familles au sein des CCAS/CIAS ?
Essentielle ! L’originalité du CCAS dans le paysage institutionnel repose en partie sur cette composition atypique, moitié élus, moitié associations. Cette exception française est une vraie richesse. A chacun d’en tirer toutes les potentialités sur son territoire.